dimanche 24 mai 2020

Museo del ferrocarril : Ponferrada-Villablino, la nostalgie du Bierzo industriel



            Aujourd’hui nous allons visiter une petite merveille de Ponferrada. Rendez-vous compte, depuis 2017 je n’ai pas proposé une seule visite de musée sur ce blog. Pourtant il m’en reste à vous faire découvrir, dont celui-ci que j’ai visité en 2016. Consacré aux trains, ce musée que je vous propose aujourd’hui n’est pas un géant, comme celui de Madrid, mais une charmante institution qui raconte l’histoire d’une voie ferrée particulière.


            Rappelez-vous, Ponferrada est une ville industrielle, ce n’est pas pour rien que le Musée National de l’Energie y a posé ses valises en 2011 dans l’ancienne usine de la Minero Siderúrgica Ponferrada. Cette entreprise a largement dessiné l’économie de la ville. En 1906, naît le projet d’une voie ferrée privée dans le Bierzo. L’entreprise lance en 1918 la construction d’une ligne qui relie Ponferrada à Villablino. L’objectif est de gagner en efficacité dans les transports du charbon. Bien que le chantier ait pris un peu de retard, la grippe espagnole ayant ralenti tout le pays et décimé certaines populations ouvrières du chantier, c’est tout de même un record puisqu’il a mis moins de onze mois à être construit. Certains articles rapportent qu’on construisait jusqu’à 600 mètres de voie ferrée par jour. Cette voie extraordinaire fut progressivement ouverte au train de transport du charbon, de voyageurs et enfin au train postal. Long d’un peu plus de soixante kilomètres le trajet est rythmé de nombreux arrêts qui désenclavent progressivement certains villages du Bierzo. Ouverte le 18 juin 1919, la ligne est une petite révolution. 
            Dans les années 1960, le tracé originel est quelque peu modifié car le grand programme de construction de barrages en Espagne atteint aussi la région et l’un d’entre eux force les voies à faire quelques détours.


En 1980 la ligne ferme définitivement aux voyageurs. C’était le dernier train transportant des passagers, sur trois classes, qui fonctionnait avec une locomotive à vapeur en Europe. Les trains de marchandises qui circulèrent encore longtemps sur cette ligne passèrent au diesel. Le dernier train transportant du charbon roulait encore sur une petite portion de la ligne en 2014. Je ne m’étendrai pas plus sur l’histoire de la ligne, puisque le sujet du jour est le musée. Néanmoins si vous souhaitez creuser l’épopée de cette ligne et que vous êtes hispanophone, un livre est sorti en 2019 : « Cien años del ferrocarril Ponferrada-Villablino » de Víctor del Reguero, un moyen de voyager dans l’histoire depuis votre salon. Si vous êtes plus amateur des écrans rendez-vous sur le blog des passionnés de cette voie ferrée : ponfeblino.blogspot.com.



            Reste que les infrastructures du chemin de fer ont été abandonnées progressivement, dont les gares. A la fin des années 1990 on trouve un usage à celle de Ponferrada. Le musée actuel ouvre ses portes dans ses murs, le 26 mai 1999. Il est le fruit d’un long travail d’une équipe de passionnés qui a bâti un projet de mise en valeur du patrimoine ferroviaire. Parmi eux un historien, José Antonio Balboa de Paz, chapeaute les opérations. On trouve aussi quelques anciens cheminots de la ligne qui peuvent se vanter d’y avoir passé plusieurs décennies. C'est l'abandon de la vapeur dans les années 1980 et la mise au rebut des locomotives qui les poussent à se mobiliser. Le musée est une réussite. Il naît aussi l’espoir de créer une ligne touristique, mais cela nous y reviendrons plus loin. Peu à peu la vie discrète du musée trouve son rythme au fil des arrivées des nouveaux véhicules. En 2004 une bibliothèque complète l’institution ferroviaire qui fête alors ses cinq ans. Pour cet anniversaire le musée annonce alors avoir reçu plus de 48 000 visiteurs depuis son ouverture. Le musée avait alors réussi à séduire un large public, y compris les écoles. En 2010 le petit musée subit des travaux qui provoquent sa fermeture durant plusieurs mois. Par la suite son succès se confirme, 10 814 visiteurs en 2017, et en 2019 plus 12 600 visiteurs. Pour cette dernière année l’exposition des cent ans de la ligne de chemin de fer n’est peut-être pas pour rien dans ce record.

Un exemple de wagon infirmerie

            Au fait que devient la voie ferrée ? Abandonnée depuis six ans, elle est surtout un sujet de débat, puisque depuis des années la concession est l’objet de questionnements quant à son usage. La région aurait bien aimé la voir se transformer en ligne touristique mais le projet est malheureusement resté lettre morte. En 2016 un glissement de terrain a démontré qu’en l’état actuel la voie ne pouvait plus être utilisée et risquait de se dégrader plus gravement si rien n’était fait. Tout n’est pas perdu puisque fin 2019 plusieurs projets étaient encore à l’étude.


            Quand vous irez à Ponferrada, vous ne pourrez pas rater le château des Templiers, ni le charmant petit musée de la radio. Pourtant poussez plus loin que le centre historique si vous souhaitez découvrir la nature industrielle de la ville. En partant du château vous trouverez le musée de l’énergie à deux kilomètres au nord, et plus près (1,2km) vers l’ouest ce joli musée du train. Vous y serez, je l'espère, aussi bien reçu que moi. J'avais en plus eu la chance d'être accueillie par une personne bilingue fort aimable, visite en français donc.  

  
A bientôt pour de nouvelles visites.

P.S. : Les photos datent de 2016, certains véhicules présentés ne sont peut-être plus présents au musée car des échanges ont parfois lieu avec d’autres institutions.


Quelques lectures :

Carlos FIDALGO, « El Museo del Ferrocarril cumple 20 años con el tren turístico en el apeadero » in diariodeleon.es le 25 mai 2019

Jesús María LOPEZ DE URIBE, « Cien años del Ponfeblino, el ferrocarril minero que surgió de la Primera Guerra Mundial » in ileon.com le 21 juillet 2019

Antonio VEGA « El Ponfeblino, el tren minero que busca una reconversión turística que nunca llega » in ileon.com le 25 juillet 2015

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