Aujourd’hui
nous allons visiter une petite merveille de Ponferrada. Rendez-vous compte,
depuis 2017 je n’ai pas proposé une seule visite de musée sur ce blog. Pourtant il m’en
reste à vous faire découvrir, dont celui-ci que j’ai visité en 2016. Consacré
aux trains, ce musée que je vous propose aujourd’hui n’est pas un géant, comme
celui de Madrid, mais une charmante institution qui raconte l’histoire d’une
voie ferrée particulière.
Rappelez-vous,
Ponferrada est une ville industrielle, ce n’est pas pour rien que le Musée National de l’Energie y a posé ses valises en 2011 dans l’ancienne usine de la
Minero Siderúrgica Ponferrada. Cette entreprise a largement dessiné l’économie
de la ville. En 1906, naît le projet d’une voie ferrée privée dans le Bierzo.
L’entreprise lance en 1918 la construction d’une ligne qui relie Ponferrada à Villablino.
L’objectif est de gagner en efficacité dans les transports du charbon. Bien que
le chantier ait pris un peu de retard, la grippe espagnole ayant ralenti tout
le pays et décimé certaines populations ouvrières du chantier, c’est tout de même un record puisqu’il a mis moins de onze mois à être
construit. Certains articles rapportent qu’on construisait jusqu’à 600 mètres
de voie ferrée par jour. Cette voie extraordinaire fut progressivement ouverte
au train de transport du charbon, de voyageurs et enfin au train postal. Long
d’un peu plus de soixante kilomètres le trajet est rythmé de nombreux arrêts qui
désenclavent progressivement certains villages du Bierzo. Ouverte le 18 juin
1919, la ligne est une petite révolution.
Dans
les années 1960, le tracé originel est quelque peu modifié car le grand
programme de construction de barrages en Espagne atteint aussi la région et l’un
d’entre eux force les voies à faire quelques détours.
En 1980 la ligne ferme définitivement
aux voyageurs. C’était le dernier train transportant des passagers, sur trois classes, qui
fonctionnait avec une locomotive à vapeur en Europe. Les trains de marchandises qui circulèrent encore longtemps sur cette ligne passèrent au diesel. Le dernier train
transportant du charbon roulait encore sur une petite portion de la ligne en
2014. Je ne m’étendrai pas plus sur l’histoire de la ligne, puisque le sujet
du jour est le musée. Néanmoins si vous souhaitez creuser l’épopée de cette
ligne et que vous êtes hispanophone, un livre est sorti en 2019 : « Cien
años del ferrocarril Ponferrada-Villablino » de Víctor del Reguero, un
moyen de voyager dans l’histoire depuis votre salon. Si vous êtes plus amateur
des écrans rendez-vous sur le blog des passionnés de cette voie ferrée : ponfeblino.blogspot.com.
Reste
que les infrastructures du chemin de fer ont été abandonnées progressivement,
dont les gares. A la fin des années 1990 on trouve un usage à celle de
Ponferrada. Le musée actuel ouvre ses portes dans ses murs, le 26 mai 1999. Il
est le fruit d’un long travail d’une équipe de passionnés qui a bâti un projet
de mise en valeur du patrimoine ferroviaire. Parmi eux un historien, José
Antonio Balboa de Paz, chapeaute les opérations. On trouve aussi quelques
anciens cheminots de la ligne qui peuvent se vanter d’y avoir passé plusieurs
décennies. C'est l'abandon de la vapeur dans les années 1980 et la mise au rebut des locomotives qui les poussent à se mobiliser. Le musée est une réussite. Il naît aussi l’espoir de créer une ligne
touristique, mais cela nous y reviendrons plus loin. Peu à peu la vie discrète
du musée trouve son rythme au fil des arrivées des nouveaux véhicules. En 2004
une bibliothèque complète l’institution ferroviaire qui fête alors ses cinq ans.
Pour cet anniversaire le musée annonce alors avoir reçu plus de 48 000
visiteurs depuis son ouverture. Le musée avait alors réussi à séduire un large
public, y compris les écoles. En 2010 le petit musée
subit des travaux qui provoquent sa fermeture durant plusieurs mois. Par la
suite son succès se confirme, 10 814 visiteurs en 2017, et en 2019 plus 12 600
visiteurs. Pour cette dernière année l’exposition des cent ans de la ligne de
chemin de fer n’est peut-être pas pour rien dans ce record.
Un exemple de wagon infirmerie |
Au
fait que devient la voie ferrée ? Abandonnée depuis six ans, elle est
surtout un sujet de débat, puisque depuis des années la concession est l’objet
de questionnements quant à son usage. La région aurait bien aimé la voir se
transformer en ligne touristique mais le projet est malheureusement resté
lettre morte. En 2016 un glissement de terrain a démontré qu’en l’état actuel
la voie ne pouvait plus être utilisée et risquait de se dégrader plus gravement
si rien n’était fait. Tout n’est pas perdu puisque fin 2019 plusieurs projets
étaient encore à l’étude.
Quand
vous irez à Ponferrada, vous ne pourrez pas rater le château des Templiers, ni
le charmant petit musée de la radio. Pourtant poussez plus loin que le centre
historique si vous souhaitez découvrir la nature industrielle de la ville. En
partant du château vous trouverez le musée de l’énergie à deux kilomètres au
nord, et plus près (1,2km) vers l’ouest ce joli musée du train. Vous y serez, je l'espère, aussi bien reçu que moi. J'avais en plus eu la chance d'être accueillie par une personne bilingue fort aimable, visite en français donc.
A bientôt pour de nouvelles visites.
P.S. : Les photos datent de 2016, certains véhicules
présentés ne sont peut-être plus présents au musée car des échanges ont parfois
lieu avec d’autres institutions.
Quelques lectures :
Carlos FIDALGO, « El Museo del Ferrocarril
cumple 20 años con el tren turístico en el apeadero » in diariodeleon.es le 25 mai 2019
Jesús María LOPEZ DE URIBE, « Cien años
del Ponfeblino, el ferrocarril minero que surgió de la Primera Guerra Mundial »
in ileon.com le 21 juillet 2019
Antonio VEGA « El Ponfeblino, el tren minero
que busca una reconversión turística que nunca llega » in ileon.com le 25 juillet 2015
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