Photo d'Ana, près d’installations provisoires pour une fête à Penafiel |
C’est par
une belle après-midi de juin qu’Ana et moi avons convenu de réaliser
l’interview. Installées autour d’un café, nous nous envolons déjà pour l’Espagne,
avec quelques semaines d’avance sur les vacances. Plus âgée qu’Helena (relisez son interview ici), ce n’est pas à la recherche d’un travail qu’elle est venue
en France mais déjà employée dans une entreprise qui lui proposa un poste en
France. Nous sommes en 2003 quand elle arrive, l’été de la canicule, loin de sa
Valladolid natale. C’est là-bas qu’elle avait appris le français, dans l’école
tenue par les sœurs du Rosaire, « Les françaises ». Cela a-t-il un
lien avec le passage « las Francesas » devenu galeries
commerciales ? Oui c’est ici qu’était l’école autrefois, tenue par des
religieuses françaises. Ainsi, nous allons cheminer le long de cette interview
de coups de cœur en souvenirs.
Ancien cloître de l'école des Françaises |
Inévitable
première question, quelle est sa ville
préférée, elle hésite, la réponse est loin d’être évidente. A part
Valladolid, elle apprécie la ville dont est originaire sa mère, Ségovie. Mais
elle n’y a passé que peu de temps, c’est peut-être parce qu’elle y a été
récemment que ce nom lui vient immédiatement. Comme elle n’arrive pas à
trancher, je lui demande celle qu’elle
conseillerait aux voyageurs, c’est Salamanque qui remporte son adhésion.
Pour elle un touriste pourra s’y retrouver, immédiatement, aller de découverte
en découverte sans que l’on eut à le guider. A l’inverse, elle estime qu’un
voyageur à Valladolid a plus besoin d’être guidé, conseillé, sinon il risque de
ne pas saisir la richesse de la ville et de dire qu’il n’y a rien… Il est vrai
que sa ville est moins touristique que la célèbre Salamanque et que les
monuments sont plus disséminés.
San Pablo |
Quand les filles d'Ana rencontrent les paons de Valladolid. |
La deuxième
partie de l’interview porte sur la
perception de la Castilla y Léon de la part des français. La réponse correspond
à celle qu’on m’a déjà donnée précédemment, ils ne connaissent pas. Pour situer
sa ville, quand on lui demande d’où elle vient, Ana a une réponse toute faîte
« entre Madrid et le Pays Basque ». Quoique, serait-elle mauvaise
langue ? En effet ils ont déjà entendu parler de sa ville, ils lui citent
souvent La controverse de Valladolid,
elle se demande bien ce que c’est. Je lui fournis donc l’explication sur la
pièce et le film, faisant appel à mes cours de français en seconde. A part ça,
sa ville est souvent inconnue de ses amis français, à part les panneaux sur
l’autoroute, quand ils vont au Portugal, comme nous l’avait déjà dit une des interviewées.
« Les Français lui citent souvent La controverse de Valladolid »
Comment donner envie aux français de
découvrir cette région ? Ana voudrait parler d’une région vivante, de
ses villes animées, il n’y a pas que le soleil et la mer en Espagne tout de
même. Tout à coup il lui vient une idée, ce qu’il faut voir c’est la Semaine Sainte,
pour elle « c’est obligatoire ». Il est peut-être là notre symbole
que nous cherchions tout à l’heure. Je sens toute l’importance que cette fête a
pour elle, quand elle en parle, elle me raconte les gens qui se mettent à pleurer quand la pluie empêche de sortir
les statues des églises. Elle me suggère non seulement de prévoir un voyage
pour cette occasion mais aussi en hiver, pour découvrir la région à la période
de Noël. Elle me rappelle au passage que chez eux les rois mages ont longtemps dominé les festivités. A voir, selon
Ana, à cette période les expositions de crèches au Monasterio del Prado, en
2009 il a notamment accueilli celle du musée oriental de León dont je vous
parlais récemment.
La grande crèche du musée oriental, un exemple des plus belles réalisations du genre |
Dans sa
ville Ana vous conseille un détour par le Viejo Coso, qu’elle a eu bien du mal
à retrouver une fois, et de continuer votre promenade par la calle Santo
Domingo de Guzmán, particulièrement agréable en été de par sa fraicheur. Elle
s’interroge sur les projets autour de la plage de Valladolid. (Comment ça je ne
vous avais pas dit qu’il y avait une plage dans la ville ? Eh bien, cher
lecteur, voilà une erreur de réparée). Attendons de voir ce que la nouvelle
municipalité, de gauche, proposera comme projet à son tour, apparemment et
depuis fort longtemps, la plage de la ville a toujours été l’objet de beaucoup
de plans d’aménagement. Des idées de visite à l’extérieur de Valladolid, elle
nous en laisse aussi : Wamba et son ossuaire, ainsi que le village d’Urueña
à la muraille bien conservée. Petite note de la part d’Ana « c’est un village
médiéval très actif culturellement avec le centre ethnographique Joaquin Díaz
et des nombreux musées très intéressants comme celui des instruments du monde,
le musée des coches et depuis 1975 Ville du Livre». Quant à moi, je lui ai
donné envie de pousser la porte de l’étonnante église de la Place d’Espagne.
Nous nous
quittons après une jolie après-midi où nous avons toutes les deux partagé notre vision de cette région de l’Espagne, avec la
promesse de se faire signe si je passe près de Valladolid cet été.
Les
conseils d’Ana :
-
Allez obligatoirement voir la Semaine Sainte
dans la région
-
Découvrir la région durant la période de Noël
- Ne ratez pas le Viejo Coso et continuez la
promenade dans la calle Santo Domingo de Guzmán
- Passez au petit musée des sciences naturelles, trop souvent désert, pour une visite dans sa muséographie à l'ancienne.
- Passez au petit musée des sciences naturelles, trop souvent désert, pour une visite dans sa muséographie à l'ancienne.
Propos recueillis
le 21 juin 2015 à Nantes par Isabelle Aubin auprès d’Ana Lopez
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